· Introduction
· Votre travail empiète-t-il sur votre vie privée ?
· Lecture d'un ouvrage de Marin Ledun et Brigitte Font Le Bret
· Liaisons Sociales (suite)
· Délais serrés et travail à grande vitesse
· Les changements de salaire suite à la crise
· Les violences au travail
· Conditions de travail pénibles
· Horaires de travail s'accordant mal avec les obligations
· Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés
· Alternatives Economiques septembre 2011
· Les licenciements suite à la crise
· Répartition totale de l'effectif sondé par CSP
· Interview du DRH (suite)
· Interview Marie-Claude Couturier (médecin du travail)
Date de création : 17.01.2012
Dernière mise à jour :
23.02.2012
23 articles
-Documentaire datant du 8 février 2006, de Sophie Bruneau et de Marc-Antoine Raudil suite au livre Souffrance en France
-Chaque semaine, dans 3 hôpitaux publics de la région parisienne, 3 cliniciens reçoivent des femmes et des hommes malades de leur travail : ils les écoutent et cherchent à comprendre les causes de ces souffrances et à en traiter les conséquences.
-La première personne reçue est une femme de 52 ans, ayant commencé le travail à la chaîne à l’âge de 17 ans. Elle souffre de troubles musculo-squelettiques liés à son stress trop important et explique que son travail l’a changée en « robot », de telle sorte que même chez elle, elle a le même comportement rapide et stressé que sur son lieu de travail.
On lui a prescrit un arrêt maladie mais aussi de la morphine pour supporter ses trop grandes douleurs. Elle a également pris 3 ans de congé parental mais cela fait 10 ans que ses conditions de travail sont exécrables, suite à un changement de direction.
Elle travaille dans une usine de flacons et elle nous explique qu’au début de sa carrière il y avait plusieurs personnes pour boucher les flacons, que l’on pouvait au bout d’une heure avoir des cloques aux doigts mais qu’au moins la tâche était partagée. Elle dit aussi qu’on leur fixait auparavant comme objectif de boucher 350 flacons par heure.
Mais au fil des années, ce n’est plus 350 flacons qu’on leur a demandés mais 750 par heure ! De plus, elle nous avoue que lorsqu’une personne accomplit rapidement son travail, on l’isole de ses camarades (elle travaille donc alors seule) car on la juge suffisamment efficace.
Suite à cette « suppression de camarades », nombreuses sont les personnes qui ont arrêté leur travail quelques instants, afin de se reposer. Mais ceux qui les surveillent sont là pour leur dire que si elles arrêtent c’est parce qu’elles ne veulent pas continuer, qu’elles font preuve de mauvaise volonté alors qu’en réalité c’est simplement qu’elles n’ont plus la force de continuer ; elles sont déjà à leur maximum !
Malheureusement, les ouvriers et ouvrières ont besoin de travailler pour vivre et nourrir leurs enfants, ils sont donc bien obligés d’encaisser et de continuer.
Mais ces conditions de travail sont si déplorables que certaines personnes vont jusqu’à pleurer tant elles se sentent injustement dégradées dans leur travail et tant elles n’en peuvent plus ! Lorsqu’elles pleurent sur le lieu de travail, on les envoie se reposer au vestiaire 10 minutes puis elles retournent travailler.
Lorsque ces mêmes personnes vont se plaindre de tout cela à leur direction, on ne les croit pas et on va jusqu’à les menacer de licenciement !
Cette femme nous explique également que c’est en fonction des relations (bonnes ou mauvaises) que l’on entretient avec ses supérieurs que l’on a accès ou non à de meilleures conditions de travail. Elle nous dit qu’en réalité, chaque jour est difficile, que l’on n'a pas le droit de se plaindre et que même si l’on va voir la direction toutes les semaines, celle-ci a toujours raison et ne nous accorde jamais ce que l’on veut.